Viande de mammouth, miel, blé, lait… et aussi châtaigne, épices, pommes de terre, chocolat, burger et yaourt. Tous ces aliments ont, d’une façon ou d’une autre, changé la vie des Hommes. Certains (viande sauvage et moëlle osseuse, céréales, légumes secs, lait…), ont permis la survie et favorisé le développement de nos très lointains ancêtres...
Bien plus tard, les blés, maïs, riz et autres céréales sauvages ont été, une fois domestiquées par les premiers paysans du monde, à l’origine d’immenses bouleversements. Elles ont fondé les grandes civilisations de l’Antiquité, stimulé les progrès techniques et débouché sur l’invention de l’écriture… mais aussi accru les inégalités sociales et les conflits.
Les aliments les plus essentiels ont forgé une nouvelle façon de « penser » le monde. Pour les Mayas, le maïs était à l’origine de l’humanité ; Mésopotamiens, Grecs et Romains voyaient dans les produits « transformés » que sont le pain, la bière, le vin ou le fromage, le passage du sauvage au civilisé. Chez les Peuls et les Hindous, le lait est l’élément primordial à partir duquel a été créé tout l’univers. Et certaines nourritures ont joué un rôle marquant dans la vie spirituelle, comme le pain et le vin pour les chrétiens. L’Eglise a réglementé l’alimentation en imposant des jours « maigres » (sans viande) : ce qui a fortement contribué à la consommation massive de harengs et de morues.
A la fin du Moyen Âge, la quête des épices par les Européens a suscité l’ouverture de nouvelles routes maritimes (comme la route des Indes contournant l’Afrique), l’exploration de terres lointaines, la découverte fortuite du Nouveau Monde. Un continent d’où furent ensuite importés des produits aussi importants sur le plan alimentaire que le maïs, la pomme de terre, la tomate, les haricots et les courges, le chocolat et la vanille.
Au XIXè siècle, les avancées scientifiques et techniques, et l’essor de l’industrie alimentaire ont fait chuter le coût de la nourriture et révolutionné sa praticité (sardines en boîte, conserves appertisées). L’accélération de la mondialisation a donné accès à des denrées exotiques, issues des colonies (bananes, ananas, huile d’arachide). Ainsi qu’aux produits de la modernité comme l’extrait de viande Liebig et le bouillon Kub. Pizzas, burgers, ketchup, sandwiches… ont renforcé la diversification des repas.
Mais il ne faudrait pas oublier le fait que, parfois, les aliments ont changé de façon dramatique la vie de millions d’Hommes. La quête des épices et du sucre, la passion pour le café et l’envie ou le besoin de produits tropicaux ont justifié la conquête violente de terres lointaines, la colonisation et l’asservissement des populations locales, l’abominable traite négrière transatlantique…
Trente aliments ont été retenus pour leur impact sur la vie des Hommes ert de leurs sociétés. Une des originalités de l’ouvrage tient au fait qu’ils ne sont pas présentés sous la forme classique d’un abécédaire, mais en suivant le fil de la grande histoire de l’humanité, depuis les temps préhistoriques jusqu’à aujourd’hui.